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Etape 16 : de l'Abri de Molières à Bagnère-de-Luchon

+1200m/-2850m/33,8km

Nous avions prévu un lever à 3h30 pour voir le lever de soleil depuis le Tuc de Molières (3010m). Mais je n'entends pas mon réveil. Par chance, j'ouvre les yeux à 4h20 ; à 4h30 nous sommes prêts à partir.

Il fait nuit noire. L'orientation est une gageure avec la frontale qui éclaire à 2 mètres à peine et l'absence de sentier marqué. Je navigue au mieux en croisant les informations du GPS et en gérant les obstacles qui jalonnent notre parcours nocturne. Quelques passages d'escalade complètent les difficultés, mais nous progressons plutôt bien.

Nous n'arriverons cependant pas à temps au Tuc. Nous assistons au lever du Soleil sur le val de Molières depuis une petite terrasse située à 2800 mètres d'altitude. Nous y préparons le petit déjeuner pendant que le soleil se lève, il est 6h30.

Nous comprenons en arrivant sous le col pourquoi le HRPiste de Certascan nous avait alerté. Le seul accès possible passe par un névé sacrément raide, encore un peu gelé à cette heure, même si le soleil vient en renfort. Le passage de quelques mètres est assez plat mais il y a d'un côté le vide et de l'autre une crevasse qui longe la paroi. Le genre de petit passage qui ne laisse pas beaucoup de place à l'erreur - crampons et piolets n'auraient pas été superflus ici. C'est donc sur le sommet d'un étroit mur de neige que nous avançons lentement. Une fois l'obstacle passé, quelques mouvements d'escalade sont nécessaires pour atteindre le col (2928m).

Nous enchaînons avec le Tuc de Molières (3010m), sommet de notre traversée, qui fait face au sommet des Pyrénées, l'Aneto et ses 3404 mètres. Il est 8h du matin et cette dernière journée commence comme une apothéose, avec un temps splendide et une vue extraordinaire sur les Pyrénées. La descente s'opère sur de grandes plaques de pierre légèrement arrondies et divisées par de petits ruisseaux. Après un premier verrou nous passons un nouveau névé assez pentu mais suffisamment ramolli pour ne pas présenter de problème.

Nous croisons un HRPiste britannique peu après le névé. Garçon flegmatique d'une trentaine d'années, il est équipé léger mais complet, avec crampons et piolets. Il a gravi l'Aneto la veille où il a manqué de dévisser à cause d'un grimpeur qui a glissé sur lui. Les passages les plus durs et les plus enneigés sont derrière lui, même si c'est une jolie bambée qui l'attend encore. Un second verrou doit nous permettre d'accéder au Plan dels Aigualluts (2050m), mais il est justement verrouillé par un troupeau de vaches. Le passage étant étroit nous patientons... jusqu'à perdre patience : elles sont trop nombreuses et glissent dans la montée boueuse. Nous profitons de l'hésitation de l'une d'elle pour couper par un petit passage rocheux. Il y a de plus en plus de monde : des groupes, des familles, des traileurs, des promeneurs. Ils viennent admirer les splendeurs du parc naturel des Posets-Maladeta, au pied de l'Aneto d'où jaillissent d'impressionantes cascades. Nous déjeunons au plan d'Estan (1850m) où la cabane de la Besurta vend rafraichissements et spécialités locales. Nous prenons une bière et du pain frotté à l'ail et à la tomate avec du jambon de pays. Nous repartons pour faire une bonne sieste sous de grands pins. Une fois reposés, nous attaquons notre dernière montée, qui mène au col frontière du Port de Benasque (2444m).

La descente depuis le Port de Benasque nous donne encore de belles émotions, avec la successions des boums (lacs) de Vénasque aux couleurs magnifiques et d'une transparence cristalline. Nous faisons halte au refuge de Vénasque (2239m), idéalement placé près des boums. Le refuge a été complété par des barnums de façon un peu anarchique. Je résiste à prendre un café et des gâteaux ; nous nous contentons d'un plein d'eau et d'une barre de céréales.

Il reste pas mal de chemin pour atteindre notre point d'arrivée, Bagnères-de-Luchon (630m) : précisément 14 km et 1600 mètres de dénivelé et il est déjà 16h30. Nous ne laissons aucune chance à la descente en lacet qui conduit à l'Hospice de France (1380m) en l'effectuant au pas de course à la vitesse de 1200 m/h. La suite sera plus laborieuse, avec une succession de routes forestière et de départementales pour arriver à destination à 19h15.

Val de Molières (ou Mulleres), Col de Molières, Tuc de Molières, Aneto vu depuis le Tuc, Val de l'Escaleta, Boums de Vénasque, Hospice de France

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